Dossiers mardi 28 septembre 2021
Le décès de son conjoint : un choc émotionnel intense
Par Marie-Hélène Paradis
Il y a deux ans, pendant son stage au Barreau, Me Emmanuelle Huard-Lamothe a vécu un choc émotionnel intense : son copain des onze dernières années est décédé dans un accident de motoneige.
Elle a aussitôt contacté le Barreau pour connaître les conséquences que cela pouvait avoir sur son stage et, même si elle n’était pas encore membre du Barreau, on lui a offert le programme d’aide aux membres du Barreau du Québec (PAMBA). Elle a donc eu accès à des séances gratuites avec un psychologue. Elle a décidé de poursuivre son stage et de le terminer dans les délais prévus. Selon elle, l’élément le plus important de sa démarche est toutefois le fait qu’elle n’a jamais voulu devenir une victime. Sa force morale a fait en sorte que tout en faisant son deuil, elle a décidé de se reconstruire, de se développer malgré la souffrance toujours présente. « Je me disais que j’avais encore des choses à accomplir et que je devais vivre ma vie en me concentrant sur le positif. Je ne me suis pas étendue sur les événements et je ne voulais surtout pas toujours replonger là-dedans pour revivre le traumatisme. » En plus des consultations, elle a aussi fait des lectures sur le deuil pour bien comprendre que les émotions et la tristesse étaient normales, et qu’il ne fallait surtout pas se replier sur soi-même.
Selon Me Huard-Lamothe, tout le monde est capable de trouver la force, quand on n’a pas le choix; on continue d’avancer, mais il faut toutefois prendre le temps de faire son deuil. « C’est normal d’avoir de la peine, il faut être bienveillant envers soi-même. Il ne faut pas se laisser dominer par les événements. Chaque vie comporte son lot de difficultés et tous les jours, il y a plusieurs personnes qui surmontent des épreuves. Je crois que le bonheur est un choix. Il faut se tourner vers le positif, car malgré tout, il y a toujours quelque chose de positif vers quoi se tourner. »
L’appui de la famille, qui elle aussi est affligée par ce deuil, est primordial. Pour les amis et les collègues, c’est un peu différent, car ils ne sont pas affectés de la même façon et retournent à leur vie plus rapidement, mais leur soutien est également d’une aide précieuse. Ne nous le cachons pas : parler de la mort est encore un peu tabou et peut rendre les gens inconfortables, surtout s’ils n’ont pas les outils pour nous accompagner là-dedans. C’est là que l’aide professionnelle devient un incontournable.
« Le travail, mes études pour le MBA et me tenir occupée en général m’aident à continuer d’avancer. Je le fais pour moi, mais aussi pour lui. C’est ce qu’il aurait voulu que je fasse : être heureuse. Il aimait la vie et il n’a pas eu la chance d’en profiter aussi longtemps qu’il aurait voulu, alors que moi, j’en ai encore l’opportunité. Ça faisait plus de 11 ans qu’on était ensemble. Il va sans dire qu’un événement comme celui-là change les plans de vie d’un coup, mais après ce constat et après avoir vécu les émotions, il faut aller de l’avant, la vie continue. Il n’y avait pas d’autres options pour moi que de continuer, mais c’est tellement personnel notre façon de réagir et c’est important de s’écouter. J’espère seulement inspirer les gens à chercher de l’aide s’ils en ressentent le besoin. »