Dossiers mardi 15 juin 2021
Les Legal Tech ont le vent dans les voiles
Par Emmanuelle Gril
Les progrès technologiques ont bouleversé bien des champs d’activité et le droit n’y échappe pas. Elles ont aussi permis de développer et d’offrir des services juridiques sous une forme novatrice.
Les Legal Tech ou Legal Technology – des solutions numériques qui s’appliquent aux services juridiques – ont commencé à faire leur apparition il y a quelques années. Des entreprises dans ce domaine ont émergé aux États-Unis dès le début des années 2000 puis se sont développées dans plusieurs autres pays. Au Québec, un rapport du Barreau datant de mars 2016 notait d’ailleurs que « les technologies ont un effet direct sur la prestation de services et leurs prix auprès de toutes les clientèles ». Grâce à leur souplesse et aux nombreuses possibilités qu’elles offrent, elles contribuent également à améliorer l’accès à la justice pour l’ensemble de la population, tout en générant des occasions d’affaires pour les avocats.
Des services en ligne
Les Legal Tech peuvent s’appliquer à un ou plusieurs segments du marché. Qu’il s’agisse de la rédaction d’actes et de documents juridiques, de la recherche, d’outils de gestion ou d’aide à la résolution de litiges, on retrouve ces solutions dans des domaines très diversifiés. Par exemple, la firme Edilex, fondée en 1992, se spécialise dans la rédaction contractuelle. « Maintenant, nous automatisons la rédaction des documents légaux grâce à des modèles de contrats dynamiques, évolutifs et à des clauses interagissant entre elles. Il s’agit de contrats de travail, de services, de confidentialité, de distribution, des baux commerciaux, etc. », détaille son président-directeur général, Gabriel Morency.
Véritable précurseur dans son domaine lors de sa création, la compagnie proposait dès 1998 des CD-Rom puis offrait ses services en ligne à partir de 2003. Depuis 2012, elle commercialise ses logiciels en mode infonuagique. « Nous sommes ce que l’on appelle en anglais un Alternative legal services provider, orienté vers le B2B. Nous lançons actuellement une nouvelle plateforme intelligente qui intégrera à terme notre banque de modèles de contrats rédigés par des avocats, destinés aux cabinets juridiques, aux entreprises ou aux organismes publics », explique Gabriel Morency.
Occasions à saisir
Faut-il voir les nouvelles technologies comme un danger pour la profession ou au contraire une opportunité? De l’avis de Gabriel Morency, cela constitue résolument une occasion d’affaires. « Auparavant, les juristes étaient les seuls détenteurs du savoir juridique. Mais les choses ont changé avec l’arrivée d’Internet, car désormais les gens ont accès à beaucoup d’informations. Le rôle de l’avocat est toujours pertinent, mais il doit se concentrer sur sa valeur ajoutée, c’est-à-dire son expertise. Ceux qui sauront se positionner par le biais des technologies en sortiront assurément gagnants », estime-t-il.
Grâce à l’automatisation et à la standardisation, les juristes peuvent aussi faire des gains en efficacité, ce qui constitue un modèle d’affaires rentable. Et ce d’autant que cela ouvre la porte à un nouveau marché : celui des clients qui ont peu de moyens financiers.