Dossiers mercredi 8 mars 2023
Me André Ryan, Ad. E.
Par Johanne Landry
Me André Ryan est associé au sein du groupe Litige et du groupe Gouvernance chez BCF, et concentre sa pratique en litige commercial, gouvernance d’entreprises, gestion d’enjeux médiatiques et réputationnels, négociation de contrats et défense d’actions collectives.
« J’ai choisi le droit pour plusieurs raisons, mais surtout parce que j’ai toujours aimé défendre et représenter les autres, argumenter et faire valoir mon point de vue », expose d’entrée de jeu Me Ryan.
Il a d’abord étudié en sciences sociales pour décider par la suite de prendre le chemin du droit. « Il fallait que je commence à gagner ma vie et je trouvais que le droit était une bonne avenue pour continuer en sciences sociales avec un but très clair et un métier qui en découlerait. J’ai certainement été influencé par ma sœur et mon frère, qui m’ont tous deux précédé dans cette profession. Mes études en sciences sociales n’ont jamais cessé de teinter ma vie d’avocat, et elles ont apporté sur celle-ci un éclairage particulier. »
Faire les choses différemment
« Il y a environ quinze ans, j’ai suivi une formation comme médiateur et celle-ci a transformé ma façon d’aborder les dossiers, explique-t-il. Je suis constamment en mode médiation, en mode écoute, à la recherche d'occasions qui favorisent le dialogue entre les parties. Cette façon différente de faire du droit qu’est la médiation est avant tout pour moi le mode de résolution des conflits le plus porteur. » Selon André Ryan, la médiation est la méthodologie ou l’approche du litige la plus importante et prometteuse pour aborder correctement les divers enjeux auxquels les parties sont confrontées. Elle favorise un meilleur accès à la justice, des coûts plus raisonnables, elle réduit les délais, et s’attaque aux problèmes liés à la difficulté des parties à se faire bien entendre dans ce forum intimidant que peut être la cour. La médiation favorise le dialogue et donne aussi aux justiciables le sentiment de mieux contrôler ce qu’ils souhaitent communiquer.
« Mon choix de faire du litige commercial est certainement lié au fait que je viens d’un environnement intellectuel et que j’ai une admiration pour les entrepreneurs, les créateurs d’emploi, les idéateurs qui se lancent en affaire et qui participent à la création d’une économie forte et indépendante. Je suis plus particulièrement attiré par la perspective de jouer un rôle de facilitateur dans la gestion des entreprises. »
Les commissions d’enquête : un moment important de sa carrière
« En 2008, j’ai été approché par des représentants du gouvernement de l’époque pour faire une enquête interne sur une situation de contravention potentielle à des règles d’éthique par un représentant du public. C’est ainsi que mon implication à un niveau plus politique a pris forme. J’ai toujours eu une fascination pour les affaires publiques. De fil en aiguille, je me suis impliqué de façon croissante, au point où j’en ai fait une pratique très importante qui m’a amené à participer à plusieurs grandes enquêtes publiques et privées, comme la Commission Bastarache et la Commission Charbonneau. Ce travail rejoint beaucoup mon passage en sciences sociales et en sciences politiques, ainsi que mes origines familiales. Je ne peux nier que le monde politique m’a toujours intéressé, et j’ai eu la chance et le privilège de représenter de nombreux élus et ministres du gouvernement ainsi que deux premiers ministres dans des enquêtes publiques importantes. Ce furent des expériences fascinantes. »
Le réseau Meritas
Quand il repense à sa carrière, Me Ryan y voit deux grands jalons. Le premier est son entrée dans la sphère publique et politique, alors que le deuxième est son implication dans le réseau international Meritas, un regroupement de plus de 7 500 avocats répartis dans 95 pays. Vers 2005, le cabinet BCE, pour lequel il travaille, lui a demandé de devenir son représentant auprès de Meritas. Il y a développé des liens importants partout à travers le monde. En 2011, on lui a confié la responsabilité d’organiser le congrès mondial du réseau à Montréal et cet événement a pavé la voie au poste de vice-président du réseau et par la suite à celui de président mondial. « J’y ai tissé des liens professionnels, mais aussi des liens personnels et cela m’a ouvert de nouvelles avenues dans ma pratique. »
Le journalisme indépendant
« Ma participation à diverses commissions d’enquête et mon travail de représentation pour deux premiers ministres m’ont permis de développer une pratique en gestion des enjeux médiatiques, que j’ai par la suite exportée dans d’autres sphères de mes services professionnels », souligne Me Ryan.
Approché en 2012 par les dirigeants du quotidien Le Devoir pour siéger au conseil d’administration, il en est devenu le président en 2017. « À partir de 2016, je me suis impliqué très concrètement dans la modernisation et la révision de la structure et de la gouvernance du Devoir, aussi bien que dans sa privatisation et sa recapitalisation. En 2017, nous avons complété une opération assez ambitieuse par laquelle on a reconstruit la gouvernance et le modèle juridique du quotidien pour ainsi se donner les moyens d’une conversion du statut de journal à celui de média. On a aussi réécrit et constitué une nouvelle fiducie du Devoir, ce qui n’était pas une mince tâche. Et pourtant, on l’a fait avec brio, je crois, en suscitant l’adhésion de toute la communauté du Devoir. »
Me Ryan explique que le Devoir a subi plusieurs transformations majeures et génère maintenant des profits. « Le Devoir a gardé une place importante dans le cœur des Québécois. C’est une marque respectée et associée à des valeurs importantes comme la rigueur, l’indépendance et la fiabilité. »
En conclusion, André Ryan se dit touché et fier de voir son engagement professionnel reconnu par ses pairs. « Cela m’a donné l’opportunité de regarder pour la première fois un peu en arrière et de faire un bilan, et surtout de voir ce que je peux en retirer pour inspirer les plus jeunes qui m’entourent. »
Son message aux jeunes qui arrivent dans la profession se résume comme suit : écouter ses passions, saisir les occasions, être proactifs, provoquer les choses. « Je leur dis qu’ils doivent travailler fort et s’engager à fond dans les mandats qui leur sont confiés, tant intellectuellement qu’émotivement. Il est important de « mettre ses tripes » dans les dossiers et de s’intéresser aux gens, car le droit est une science humaine! »