Articles jeudi 21 octobre 2021
Hommage à Dyane Perreault
Laisser sa marque en aidant les membres dans leur pratique
Par Johanne Landry
L’Association des avocats et avocates de province (AAP) a récemment remis le prix Mérite à Dyane Perreault pour souligner sa contribution au développement des services aux membres et du nouveau Service de la qualité de la profession. Rencontre avec une rassembleuse qui cherche toujours comment améliorer les choses.
Lors de sa présentation, Me Stéphanie Côté, présidente de l’AAP, a reconnu chez Dyane Perreault des talents d’organisatrice et de chef d’orchestre. « Elle a toujours voulu que les avocats aient du succès, qu’on reconnaisse la valeur de leur travail et qu’on les respecte », a-t-elle souligné. Dyane Perreault a reçu l’hommage avec fierté et reconnaissance. « Je remercie Me Côté, j’ai été flattée et cette soirée a été l’occasion de retrouvailles avec les membres de l’AAP. C’était magique. »
Admise au Barreau du Québec en 1981, Dyane Perreault a commencé sa carrière d’avocate au Bureau d’aide juridique de Lac-Mégantic où, touchée par l’obligation pour les femmes victimes de violence d’aller chercher de l’aide à Sherbrooke, à plus d’une heure de route, elle a cofondé La Bouée, une maison d’hébergement pour femmes en difficulté qui existe toujours. « Nous sommes partis de rien, raconte-t-elle, nous avons vendu du maïs soufflé dans des foires pour financer nos premiers pas. Améliorer la vie des femmes et de leurs enfants au moment même où elles traversaient de durs moments me tenait à cœur. »
Après un passage en pratique privée, une charge de cours à l’Université de Sherbrooke, une chronique judiciaire au réseau TQS et une implication au Barreau de Saint-François comme secrétaire puis première conseillère, elle déménage à Montréal et occupe un poste d’avocate au Service aux membres du Barreau du Québec. C’était en 2002. En 2006, alors que la Corporation de services et le Service aux membres deviennent deux entités séparées, elle est nommée directrice de ce dernier. De 2013 à 2016, elle est directrice du Service du développement et du soutien à la profession; en 2016, elle assure l’intérim à la direction du Service des greffes durant quatre mois; puis devient directrice de la Qualité de la profession jusqu’à sa retraite en 2019.
Des dossiers phares
Parmi les dossiers importants qu’elle a pilotés figure la négociation du tarif de l’aide juridique. On retrouve aussi sur sa longue liste de réalisations, la mise sur pied du service d’aide à l’emploi devenu Juricarrière, le développement de Jurifamille, le logiciel de calcul des pensions alimentaires, celui de la publication Barreau-mètre, la rédaction du document L’avenir de la profession, l’avocat 2021 (un horizon déjà atteint et qui lui semblait si loin au début des travaux), la publication de plusieurs guides : sur la médiation à distance, sur les normes de pratique en médiation familiale, le Guide de déontologie applicable aux avocats d’entreprise ainsi que des outils d’aide à la pratique dans plusieurs domaines du droit et par compétence.
S’ajoute à cette liste le déploiement des services de garde en matière criminelle pour l’ensemble du Québec. Assurant la disponibilité continuelle d’un avocat pour répondre aux citoyens en état d’arrestation, ce service a vu le jour au moment où le ministère de la Justice implantait les comparutions par voie téléphonique.
Dyane Perreault et son équipe ont aussi apporté du soutien aux différentes associations d’avocats pour leur financement et l’organisation de leurs congrès et de leurs activités de formation.
Lorsque le bâtonnier 2008-2009, Me Gérald R. Tremblay, C.M., O.Q., c.r., Ad. E., a souligné que les avocats de grands cabinets bénéficiaient facilement de l’aide d’un collègue pour répondre rapidement à un questionnement alors que ceux des petits cabinets ou qui pratiquent seuls n’ont pas cette chance, le commentaire a inspiré à Dyane Perreault le développement du réseau-conseil et, dans le même ordre d’idées, celui du réseau remplacement. « C’était ma mission et mon moteur, confie-t-elle, quand quelque chose devait être amélioré ou devant l’existence d’un besoin, nous essayions de trouver le moyen d’aider pour faciliter l’exercice de la profession. »
Une équipe de rêve
« Cette longue liste, je ne l’ai pas concrétisée toute seule », insiste Dyane Perreault. « J’ai été entourée d’une équipe extraordinaire. J’ai eu le privilège et le plaisir de choisir moi-même chacune de mes collaboratrices, des femmes exceptionnelles que j’appelle affectueusement ma dream team. » La constitution de cette équipe qui avait le service aux membres tatoué sur cœur et qui était prête à tout donner pour que les projets fonctionnent, c’est ce qu’elle considère comme sa plus belle réussite. Et l’hommage qui lui est rendu, elle le partage avec Louise Ste-Marie, son adjointe des 18 dernières années, Lyne Daigle, Marie-Ève Leblond, Sophie Gagnon, Me Annick Gariépy et Me Fanie Pelletier.
L’élaboration d’un nouveau projet, elle compare cela à un bateau. « On met notre bateau à l’eau, on se fixe un échéancier et on détermine le moment où on veut être rendu sur l’autre rive. Parfois il y a des tempêtes et parfois l’eau est calme. Mais quand il y avait des tempêtes, avec les filles, on ramait toutes dans le même sens. »
Considère-t-elle qu’aider a été le fil directeur de sa carrière? « C’est en moi depuis toujours. Depuis La Bouée à lac Mégantic, en passant par l’aide que j’ai apportée aux avocats de cette ville lors de la tragédie de juillet 2013, en mettant mes contacts à contribution pour aider ceux qui avaient tout perdu à repartir, jusqu’au développement de tous les services, guides et réseaux à l’intention des avocats, j’aime aider, j’aime améliorer les choses. »
Au moment de sa retraite, Dyane Perreault a quitté le Barreau mais l’intérêt pour la profession et ses collègues demeure. Aujourd’hui, elle partage ses années entre le lac Brome et la Floride où elle joue au golf plusieurs fois par semaine – c’est sa passion et elle continue de se fixer des objectifs d’amélioration de sa performance. Elle passe aussi de beaux moments avec ses deux petits-enfants qui viennent souvent la visiter.